8. Edelweiss
Nous marchons seuls dans la neige.
Il fait si froid.
Tu regardes les flocons qui tombent
et ton sourire les fait briller comme des étoiles de glace.
Nos pas sont lourds sur le chemin, nous avons tant voyagé
laissant ces sillons de vie tels des liens qui s'entremêlent.
« Petit chat je suis si fatiguée.
Laisse-moi m'arrêter un moment.
Laisse-moi dormir sur ce lit de neige.
Tu pourras continuer à jouer.
Tu pourras continuer à sourire pour faire fondre cette glace
qui fige l'existence et paralyse les cœurs.
Dans tes grands yeux qui brillent comme des Soleils,
le monde entier disparaîtra.
Petit amour, je serai toujours là.
Nous resterons main dans la main,
couchés l'un contre l'autre, dans la chaleur et le froid. »
Petit Chat reprit la mélodie,
une mélodie qui résonnait dans l’espace calfeutré de l’hiver.
Le chant s’éleva dans les airs
et fit vibrer les arbres jusqu’aux entrailles de la Terre.
Nous sommes des enfants qui jouent avec le temps,
des enfants qui tissent lentement leurs liens
pour unir des bourgeons de vie et d'amour.
Nous sommes des enfants juste l'espace d'un instant,
juste le temps qu'il faut pour élever brique après brique
une pyramide, et l'entretenir au milieu des intempéries
qui érodent peu à peu ses angles friables.
Nous sommes des enfants qui se construisent et se déconstruisent,
qui défilent un à un ne laissant sur la pierre
qu'une trace de passage que le vent recouvre
de feuilles et de branchages.
Nous sommes des enfants dont les chants s'élèvent
le temps d'une brise, d'un orage, d'une chute, d'un sanglot,
avant de retomber dans le silence du néant.
Nous sommes des enfants sombrant dans les larmes de l'océan,
des enfants dont les liens si finement reliés se brisent
peu à peu au coucher du Soleil, laissant la matière s'échapper
pour rejoindre les poussières des étoiles.
Nous sommes les enfants de l'univers,
et nous nous battons pour exister et rayonner ensemble
comme des Soleils éphémères.
Sur cette dernière note, la marelle fut achevée.