2. Enfant Chat, miroir de brume
L'enfant chat veut rire et aimer, rire et pleurer,
jouer et raconter des histoires...
Il regarde le monde, le monde le fascine et l'émerveille.
L'enfant chat veut jouer, mais il ne trouve pas le chemin...
Il attend, il se cache...
Il regarde le monde, mais le monde ne le voit pas.
L'enfant est seul, le chat s'ennuie...
L'enfant oublie, le chat a mal et le regarde s'éloigner...
Regarde-le caché derrière son masque de neige,
Écoute ses histoires qu'il ose à peine chuchoter,
Reçois avec chaleur la flamme de ses yeux,
c'est la vie qui t'appelle vers ton enfant oublié...
« Je les entends sans les comprendre,
je les comprends sans entendre ce qu'ils disent.
Peut-on ainsi assembler librement les mots,
n'importe comment ?
Comment comprendre alors ?
Le fleuve de mes larmes déborde et m'emporte.
Qu'y a-t-il à comprendre ?
Je suis dans le courant
qui m'entraîne violemment vers l'inconnu,
c'est tout...
Qu'y a-t-il à maîtriser ?
Rien, tout est hors de contrôle...
Où suis-je ?...
- Ne cherche pas Petit Chat,
tu n'es nulle part. »
L'enfant ne s'aime pas.
Quand il se sent mal, il se déguise pour changer,
il prend un masque de clown et cache son visage,
il ferme la bouche pour ne pas pleurer et petit à petit,
il disparaît.
On finit par l'oublier... Il finit par s'oublier.
Derrière son personnage, un pantin qui plaît et qui réussit.
Il s'ennuie sans comprendre, plus rien ne l'atteint,
ni les critiques, ni les compliments, il n'est plus concerné,
seul le pantin s'agite maintenant.
Le brouillard s'épaissit et aveugle ses sens.
Il s'entend parler avec le plus grand des sérieux
mais explose de rire à l'intérieur de lui-même.
Imposteur, crois-tu vraiment ce que tu dis ?
L'enfant rit de plus belle, alors que le pantin continue
à jouer son rôle à merveille, pourquoi changer cela ?
L'ennui s'insinue au plus profond de son être.
Alors que la journée s'achève, le rire s'éteint
laissant place au vide envahissant de son existence.
A cet instant, plus rien n'a d'importance,
ni la vie, ni la mort...
Pourquoi se déguiser ainsi en clown
derrière un masque de papier froissé
et oublier son image, une image bien plus belle
qu'une sale tête de clown bricolée...
Je regarde le monde marcher en rythme
sur le chemin de la vie qui s'enfuit et des rêves qui meurent.
Quand je pose mon regard sur cette foule glacée,
je me vois disparaître comme une ombre poisseuse.
L'écho de mes souffrances se perd dans une marée violente.
Que vois-tu, passant, quand tu me regardes
assise dans la poussière noire que le vent me souffle ?
Une petite coquille en train de pourrir
qui ferme la porte pour préparer son départ ?
Je ne vous suivrai pas.
Je ne crierai pas.
Je vous observerai en silence et je tendrai la main
à ceux qui tourneront la tête et oseront regarder,
à ceux qui voudront me rejoindre pour que je les entraîne
dans un ouragan de chaleur sur notre chemin
où nous pourrons enfin danser au lieu de marcher…