7. Fleurs de Lune








Le futur n'est pas encore, nous vivons en cet instant
qui enveloppe nos corps, nos cœurs et nos esprits
d'amour et de douleurs.
Ces douleurs qui nous raccrochent à l'existence,
cet amour qui nous berce,
qui nous pousse à accueillir le moindre souffle d'air.


Le futur n'est pas encore, mais nous vivons,
transportant avec nous l'héritage de nos vies.
Les expériences du passé se mélangent à l'instant
comme une série de notes, discordantes et harmonieuses.
Qu'est-ce que le présent
lorsque l'instant se dilate en cette mélodie sauvage ?


Le futur n'est pas encore
mais déjà la mélodie veut s'échapper,
s'évader vers de nouveaux accords.
Je tente de la retenir de mes mains,
arrache des lambeaux de partitions
dont le vieux papier se délite en poussière.

Je ferme les yeux pour l'entendre encore,
lier l'éveil du printemps à la force de l'été.
L'automne pleure en tremblements
faisant vibrer les feuilles de mon être
pour m'entraîner vers l'hiver inexorablement.


Le futur n'est pas encore, mais je m'y perds souvent.
Je suis partout et nulle part, où est le présent ?







Alors que le Soleil en déclin rougeoyait,
Petite Prune chantait encore inlassablement.
Petit Chat la regardait de ses grands yeux noirs,
mêlant ses murmures au rythme du chemin.



Tenter de retenir à pleines mains
des morceaux de souvenirs,
d'espoir et de joie qui s'éparpillent derrière soi…
Finir par les laisser mourir comme on délaisse
un fardeau trop lourd à porter…
Chanter dans ce silence épais noir d'encre
que la lumière n'arrive pas à percer,
au vent venant parfois ponctuer les murmures…
Faire encore quelques pas dans la boue
qui englue les pieds nus, trébucher…

Que restera-t-il à la fin du voyage ?
Des lambeaux d'êtres parsèment le chemin
à chaque embûche de la vie.
Le sang se mêle à la terre et la sueur
sous les corps déchirés.
Seuls avec le monde contre le cœur,
mélangés à l'ombre,
nous ferons bientôt partie de ton berceau,
ne laissant derrière nous que la trace
de nos larmes et de notre amour...








Leurs voix s’entrelaçaient maintenant
Pour se mêler au vent.
Les vibrations des arbres reprenaient leurs peines
Et partageaient leurs espoirs.



J’ouvre les yeux sur cette Terre fatiguée,
je comprends peu à peu que nous sommes brisés,
me dresse lourdement pour atteindre le Soleil,
et retombe violemment tel un oiseau sans ailes…


Les fleurs pousseront sur les plaines fanées
quand nous cesserons finalement de marcher,
nos visages disparaîtront derrière leurs pétales
englués dans la suie que nous avons transpirée…


Nos amours seront balayés par le vent,
nos cœurs enfouis dans un carcan de pierre,
et nos corps marbrés ballottés par les vagues
qui érodent lentement leurs côtes de granite…


Je me vide goutte à goutte sur cette plage immense,
 je me dilue dans l'espace, l'univers plus vaste
qui enlace nos errances, transporte nos existences,
pour voir, penser autrement, faire un pas vers l'infini…  







La nuit laissait place peu à peu
à un chant de plus en plus sombre et grave,
silence d'un sommeil profond...


 




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