6. Grand Frêne










Que nous dirait cet arbre
s'il pouvait parler ?
J'ai vu les amants passer
sous l'ombre de mes feuilles.
Ils se sont aimés
contre mon écorce.
Ils se sont reposés
et sous mes racines
ils se sont glissés.


Puis je suis resté seul
à contempler mes souvenirs
sans les voir revenir,
ces rieurs du passé
maintenant oubliés.
L'arbre ne parle pas
mais il gémit tout bas
telle une sculpture qui vibre
en s'élevant vers le ciel.


Je ne pourrai pas savoir
ni même imaginer,
à travers ses gravures,
ses passionnants secrets
qui disparaissent un à un
après l'avoir bercé.


Jusqu’à l’aube immobiles
nous l’observâmes
nourris par sa grandeur,
son calme et le chant
du vent dans ses branches
accompagnait nos voix d’enfants.






Sous ce ciel étoilé
nous nous sommes trouvés,
caressant les fleurs
pour cueillir leurs mélodies
et emplir nos pensées
de chaleur et de vie.



Main dans la main
nous reprendrons le voyage,
parcourant sans relâche
ces chemins qui serpentent
vers des contrées inconnues
aux couleurs changeantes.



Nous chanterons
pour ancrer la chaleur de l’été
au fond de nos cœurs.
A bord d’un bateau dans les airs,
renouveau après l’orage,
paroles d’amour et de bonheur.







 J'aimerais qu'on s'arrête
au bord du chemin
pour prendre le temps
de regarder les fleurs...
Pourquoi courir si vite
sans avoir vécu,
sans avoir compris
le sens du voyage ?
Serre-moi fort contre toi,
j'ai besoin de ton être
pour partager ensemble
les mystères de ce monde,
faire danser nos âmes
aux pulsations de la Terre
et dans un battement de cœur
vivre l'éternité...







J'aimerais être la fleur qui s'éveille,
l'arbre et le ruisseau qui caressent la Terre,
juste un instant avant de revenir dans ce corps fragile
serré contre l'écorce des grands sapins.


J'aimerais être le vent qui parcourt le monde,
le Soleil qui réchauffe les cœurs,
la Lune et les étoiles qui éclairent les nuits
comme des bougies éternelles.







Je reste sans bouger pour recevoir les images de ces géants
et me laisser transpercer par la force de leurs lignes.
Je m'efforce de veiller malgré mon sommeil
pour les suivre tout au long de leur danse effrénée,


pour être à la fois tout et rien,
pour être juste ce lien qui unifie tout en un rêve intérieur,
une passion, un sanglot,
une force universelle qui pourra soulever des montages de vie
au delà de mon être éphémère, au delà de mon temps.