4. Perce-neige
Derrière mon regard qui s'éveille,
un chemin confus se dessine.
Ses bordures s'entrecroisent
alors que le vent arrache
les larmes qui le recouvrent.
Elles s'envolent et tourbillonnent
comme des rafales de brouillard.
Elles pleuvent sur les pensées
qui s'agitent et transpirent
sous les feuilles des grands arbres.
Leurs vagues brûlantes se propagent
pour mourir contre mon cœur.
La nuit tombe enfin sur mon âme
pour calmer son rythme entêtant
et l'entraîner vers le vide.
Depuis que j'ai ouvert ma boite,
je ne sens plus mes contours.
Perdu dans l'espace je me dilue
dans l'univers plus grand, plus vaste
qui enlace nos errances
et transporte nos existences.
« Petite Prune, j'ai besoin de toi.
Je me ferai léger
pour ne pas te blesser,
pour t'accompagner.
- Petit Chat laisse moi t'enserrer.
Laisse-moi dessiner tes contours
pour tendrement te bercer,
pour te rassurer. »
Et Petite Prune se mit
à chantonner doucement…
« Petite Prune, pourquoi suis-je malade ?
Pourquoi tu pleures ? Pourquoi ça ne passe pas ?
Pourquoi j'ai mal ? Pourquoi je n'y arrive pas ?
Pourquoi je ne vais pas comme les autres ?
Pourquoi suis-je si seul ? Pourquoi j'ai si mal ?
A quoi ça sert ? Qu'ai-je fait de mal ?
Petite Prune, quand est-ce que ça s'arrêtera ?
Je vois mon corps tomber en morceaux
Comme tous ces êtres fanés qui se dessèchent,
ces champs de vie recouverts de neige.
Nous sommes des fleurs perdues dans des terres arides.
Le Soleil est trop chaud, trop clair.
Je reçois trop de lumière et pas assez d'eau.
J'attends la nuit...
La Lune est si belle sous le ciel étoilé.
Je ne dors pas, je ne dors jamais.
Je préfère contempler cet instant
où enfin je peux me voir sans me cacher. »
A la lueur de la Lune
s’élèvent tendrement
les chants de Petite Prune
soufflés par le vent.
Depuis que je t'ai rencontré,
je me sens exister,
je me sens aimer.
Je t'emmènerai avec moi
où les rêves sont libres
et où tout est possible.
Le vent souffle encore
mais nous ne sommes plus seuls.
Enfouis l’un contre l’autre,
Amis, Amours,
nos corps endormis
ensemble.
Quand les visages fanés se détachent
soufflés par un vent d'une rare légèreté...
Quand les corps vaporeux s'élèvent
vides et ouverts à toute nouveauté...
Libres, éveillés, insaisissables danseurs
ballottés par des tourbillons de nuages...
Que laisseront-ils de leurs voluptueux ballets ?
Des mélodies sans fin de rubans noués
rythmées par les caprices enfantins
des rêves qui caressent leur monde enchanté.