Mon Spleen



A force de me battre contre le monstre sans visage qui m'entraîne vers le fond,
Je coule, je me vide... Où suis-je ?
Je farfouille dans la vase... Où es-tu ? M'entends-tu ?
Je sais que tu te caches quelque part, petite tête...
Figée dans le néant sordide qui étouffe tes cris,
Tu attends dans le froid des âmes mortes qui pataugent vers les profondeurs,
Sans mains et sans pieds... Elles me font peur...
Mes forces m'abandonnent, je m'écroule, les jambes écorchées...
Je n'arrive plus à respirer, l'eau s'est infiltrée partout...
Bleu nuit immobile.
Je ne suis plus là, je ne suis plus rien, je suis perdue.
Sans raison, il vient et recouvre le ciel de son manteau noir,
Sans raison, il repart et arrache mon cœur...
Je ne me cherche plus.
Les yeux fixés vers nulle part, j'attends sans dormir mon retour...




C'est le vide qui m'accueille chaque matin... immense... à perte de vue... où suis-je ?
J'ouvre les tiroirs de ma commode pour sortir les idées... Tout s'étale en noir et blanc.
Avec difficultés je déplie la plus proche... rien d'éclatant... je soupire.
Je cherche mes couleurs pour repeindre la feuille... Où sont-elles ? Je ne les trouve pas.
Je tombe finalement sur une pelote de laine bleue pale,
Je vais pouvoir recoudre ma tête et mon cœur en attendant... ça fait mal.
Je peux alors me lever, avec mon idée toujours en noir et blanc, afin de suivre le plan,
La procédure que j'ai écrite pour que tout se passe bien.
Aujourd'hui je sors le tournevis, les boulons, les rondelles pour réparer ma maison.
Je me concentre longuement sur chaque vis, pour rassembler au mieux les morceaux.
Tout doit être parfait pour me rassurer et remplir de quelques couleurs le vide qui m'étreint.
A la fin du bricolage, j'ai l'impression de pouvoir me réveiller enfin.
La vie reprend forme jusqu'à ce que les couleurs s'estompent de nouveau,
Dans une fatigue grandissante qui repeint le monde tout en noir et blanc.




Quand le vide me fait mal,
Je le remplis de mots, je réécris toute l'histoire,
L'histoire de la souffrance, l'histoire d'une attente...
Quand le vide est trop grand,
Je le remplis de douleurs et de ma tristesse.
Quand le vide est présent,
Seul reste l'espace, limpide et immense dans sa réalité,
Mais la vie n'est plus là,
Et je m'égare toujours plus loin à embrasser l'univers,
Conscience désincarnée agitée dans le noir.
Quand je remplis le vide de musique,
Je peux faire danser mon cœur le temps d'une chanson
Qui laisse place au silence, toujours plus profond
Tel la mort qui surgit avec dans sa voix
La mélodie d'une vie qui s'éteint lentement
Sur quelques notes d'espoir posées sur son sein.




J'ai compris...




Les couleurs de la vie...
Septembre Octobre 2016



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